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Bilan d’une usine de méthanisation

à Villedieu-la-Blouère, Beaupréau-en-Mauges

Beaucoup de Nuisances pour les riverains et des terres agricoles bétonnées

En 2014, Métha-Mauges, une société par actions simplifiées (SAS) regroupant une cinquantaine d’agriculteurs de la région, a lancé des projets agro-industriels de méthanisation dans les Mauges. Construites à Jallais (RD 15) et Villedieu-la-Blouère (RD 762), leurs deux unités de méthanisation viennent d’être mises en service début 2023. Un collectif de riverains habitant près de l’usine de méthanisation de Villedieu-la-Blouère nous a contacté afin que nous constations la situation déplorable qui se déroule là-bas sous ses yeux.

Nous nous sommes rendus sur place et nous avons décidé de communiquer sur cette situation. Cette usine déjà construite nous sert tristement d’exemple et nous montre bien les désastres que nous ne cessons d’annoncer sur ce type de projets agro-industriels. Non seulement une usine en pleine campagne vient de voir le jour en bétonnant encore et toujours des terres agricoles mais les riverains souffrent également du bruit nuit et jour depuis le lancement de l’usine le 6 février 2023.

Depuis ce jour, la torchère de l’usine est allumée nuit et jour. Cela signifie que le gaz produit est donc brûlé au lieu d’être injecté dans le réseau. Les intrants sont donc tout simplement gaspillés et brûlés depuis un mois.

Non seulement, ce gaspillage est condamnable mais en plus, la torchère est une nuisance très bruyante et invivable pour les riverains du site agro-industriel, sans parler du bruit du compresseur et des mélangeurs. Le président de Metha-Mauges, Anthony Bourget, a fait venir un huissier pour constater le dysfonctionnement de la torchère. Il semblerait que le constructeur de l’usine renvoie la faute sur l’installateur et ne veut pas payer les réparations. L’injection dans le réseau de gaz était prévue ce mercredi 1er mars (alors que la torchère, qui est un organe de sécurité, présente un gros défaut, ce n’est somme toute pas très rassurant..) mais la torchère brûlait encore hier, jeudi 2 mars, ce qui signifie que l’injection dans le réseau ne s’est pas passée comme prévue… 

On ne le répétera jamais assez : les porteurs de ces projets sont des agriculteurs, pas des industriels du gaz !

Certes, Metha-Mauges semble avoir pris conscience du problème et a proposé de faire installer un dispositif anti-bruit dans les 2 mois à venir (la commande doit être passée cette semaine) mais est-ce que cela rendra la vie des riverains plus sereine ? Ce qui est certain, c’est qu’un tel dispositif n’empêchera pas les risques industriels et l’on voit bien par cet exemple de Villedieu que les agriculteurs sont loin de maîtriser les aléas de leur usine à gaz… Le bon fonctionnement annoncé en théorie dans leurs dossiers n’est pas synonyme d’un réel bon fonctionnement sur le terrain. Des écarts sont déjà à constater dans des usines aussi récentes que celle de Villedieu.

Pourquoi nous nous battons

La méthanisation ne respecte pas la nature et le vivant. On observe déjà, dans les Mauges comme ailleurs, des arrachages de haies, des destructions de zones humides et des retournements de prairies naturelles afin d’accroître la surface de cultures (arrosées de pesticides) dédiées à une usine de méthanisation existante. Vous pouvez déjà observer ce qu’il se passe au Mesnil-en-Vallée par exemple.

D’importants risques sanitaires sont à prévoir pour les riverains et opérateurs lors du processus de fabrication des digestats : émissions gazeuses toxiques (méthane, ammoniac, dioxyde de soufre), incendies, explosions, risques bactériologiques, pollution de l’eau… De nombreux accidents sont déjà observés en France, comme par exemple à Chateaulin en août 2020 où 180 000 personnes ont été privées d’eau potable !

La méthanisation maintient et développe l’élevage hors-sol afin de fournir le volume de lisier nécessaire au fonctionnement de l’usine. Elle ne répond pas aux impératifs de changement de modèle agricole puisqu’elle condamne les animaux à être élevés en surnombre, sans voir la lumière du jour, maintenus en vie grâce aux antibiotiques et nourris au soja OGM issu de l’Amazonie déforestée.

Avec la nécessité d’amortir le lourd investissement que représentent ces usines, les agriculteurs deviennent énergiculteurs et remplacent leurs cultures nourricières trop peu rémunératrices par des cultures énergétiques faussement rentables puisque subventionnées (en plus des primes PAC déjà perçues) par d’énormes subventions données sur les prix de rachat du gaz.

Une résistance avertie s’est constituée au sein de notre association, désormais forte d’un solide réseau d’entraide : aujourd’hui, les citoyens ont pris conscience que les industriels prennent le pas sur les agriculteurs. Ils ne se battent plus pour eux et leurs maisons, mais pour les générations futures.

Nous appelons les citoyens à ne pas hésiter à nous contacter, nous sommes là pour recueillir leurs témoignages et les aider dans ces combats. « Seul, on va plus vite ; ensemble, on va plus loin ! »

Cessons ces constructions d’usines, cessons de perdre nos terres agricoles au profit de quelques agriculteurs et au détriment de la nature et de nombreux riverains.

Arrêtons de bétonner nos campagnes, nous voulons une agriculture paysanne plutôt qu’une agriculture industrielle !

La Pommeraye, le 3 mars 2023

L’asso « Bien vivre à Mauges-sur-Loire »